Verrières et Peyrelade ~ 12 Septembre 2011

 

Le thé bu, le point fait, la vieille bouilloire ventrue reposée dans son placard, les quarts en émail rouge, lavés et rangés, le champignon du toit replié, un dernier coup d’œil d'inspection : parés à virer !
Peu après le Bois-du-Four, nous prenons la direction des Gorges du Tarn où, nous l’espérons, la foule des vacanciers, estivants, campeurs, kayakistes et vététistes de tous bords et 

tous poils aura regagné ses pénates et ses horizons familiers.
Nous empruntons une petite route vers un de ces "Bout du Monde" improbables et insoupçonnés : un chemin rural, sinueux et étroit, accroché aux flancs rocheux de la montagne, qui déboule tout soudain sur une fenêtre large ouverte vers les Grands Causses éblouissants, écrasés de soleil !



La ligne du viaduc des Verrières barre la vallée d'un trait fin, tout de blanc béton, un pied dans le Causse Rouge et l'autre déjà sur le Sauveterre, enjambant des ses bottes de sept lieues le petit ruisseau en gorges du Lumensonesque. Un nom qui reflète la lumière (lumens) : est-ce pour chanter la luminosité claire de cette vallée presque perdue, ou pour nous rappeler le sable cristallin de la rivière dont on fit du verre et qui donna son nom au village de Verrières (anciennement Veyrieyres) ?



Ce petit village, blotti sous nos pieds, au fond de la gorge, fit partie autrefois de la puissante seigneurie des Séverac. 

Les coteaux ont été remodelés au fil des siècles et au prix d'un labeur répété, harassant, presque insensé : de minuscules terrasses aux murs de pierres sèches, qui montent vers le ciel, ont vu le jour pour donner quelques vignes et abriter quelques vergers, avant d'être abandonnées vers les années soixante et s'effriter, s'effondrer, et finalement laisser place de nouveau aux genévriers, et à une herbe rase et maigre, desséchée par le soleil qui "poique" le causse, lavée par les pluies de novembre et griffée par le vent du Nord et les gelées de février et mars...


 


Nous nous glissons au fond de la vallée puis dans les ruelles du village de Verrières, tout en longueur, en belles pierres blanches et fleurs. Un papé sur son banc au soleil nous regarde passer : nous faisons un bonjour de la main auquel il répondra, mais après notre passage. On fait les choses lentement dans les campagnes, on pèse les mots, les gestes, on prend son temps. Et c'est tant mieux.
Tout en haut de Vérrières, les ruines de l'ancien château et sa haute tour ronde, surveillent la vallée du Lumensonesque.

Nous roulons lentement, délicieusement dans la lumière de miel de l'après-midi qui s'avance. 


La route nous amène jusqu'à Rivière sur Tarn où nous garons l'attelage Pucky Pooka et Kangoogris. La vallée est déjà dans l'ombre. D'un bon pas nous grimpons vers les ruines du château de Peyrelade.
Une forteresse farouchement tanquée sur une proue de roche blanche et rose au-dessus-du vide, contrôlant ainsi l'entrée des gorges, quasi inexpugnable, mais pourtant détruite sur ordre d'un certain Richelieu... 

Le chemin qui y mène s'avère très étroit, malaisé, et les croisements impossibles. Un panneau le déconseille d'ailleurs fortement aux "camping-cars" et autres caravanes... Nous n'oserons nous y aventurer avec Pucky Pooka...
Mais sur la droite, de petites constructions de pierres sèches enchâssées dans le flanc de la colline nous intriguent.


Ce sont des "barracots" de vignes : l'on y faisait son vin jusque dans les années soixante, soixante-dix. Ici, les toits de lauze épousent la pente et viennent rattraper, près du faîte, le rocher d'où elles sont nées. D'admirables "chiens assis" mollement émoussés par les pierres plates, la mousse et les lychens viennent "alléger" le linteau au-dessus des portes, grises et souvent bleuies par la bouillie bordelaise ou le bleu pastel avec lequel on faisait quelques marques, pour éloigner les mouches et autres insectes.
Des merveilles de simplicité, de modestie, de grands petits riens...


Des barriques, des foudres en bois, un pressoir veillent sur ces vestiges d'un passé récent et déjà révolu.



La lumière a disparu du versant de la montagne, et nous redescendons vers Pucky Pooka : il est temps de se trouver un "coin" pour bivouaquer !

Rendez-vous sur Hellocoton !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire